Chantier autorisé au public…
C’est un petit garçon de cm1 qui était au pied du mât de l’école 2 du village de M’Bam.
Ce matin, un peu avant 8 h, au signal de sa maîtresse, il a hissé le drapeau tricolore de la République du Sénégal. C’est un geste immuable, ici où la devise est « un peuple, un but, une foi ».
Le spectacle de ces écoliers alignés de façon impeccable autour de l’étendard national, a tout de suite mis les ouvriers d’une semaine dans le bain et leur a donné encore plus de cœur à l’ouvrage.
C’est la voix assurée d’Evelyne Hardy qui a aussitôt pris le relais avec le premier briefing de cette Batirun 2013. Dans les yeux des concurrents on lisait une impatience qui frisait l’inattention des consignes de la conférencière de chantier !
Chacun, sous son casque décoré ne pensait qu’à une chose : foncer et enfin réaliser concrètement ce projet muri parfois depuis longtemps. Aurélie, par exemple qui dès le pied posé sur le sol de France après sa sénégazelle d’avril dernier s’inscrivait pour cette nouvelle aventure.
Comme les équipes de deux ou trois se constituaient, autour d’un tas de sable ou devant les parpaings stockés au sol, on pouvait entendre à loisir le murmure d’une classe de français. Le professeur encadrait une lecture au tableau intitulée « une belle surprise ». Dehors, sous le soleil encore oblique, un tuyau d’eau se prélassait sur le sol dur du terrain de basket. De ce long ruban de caoutchouc jaune, on espérait le filet d’eau nécessaire au mortier. Patrick Wioland ne s’en laissait alors pas compter, il se dirigeait derechef vers le puits.
La chaine de parpaings dessinait sur le sable déjà chaud le chemin des fourmis. Edwige et pierre, le dessinateur local, assumaient leur binôme. Les truelles glissaient sur le mur grimpant et philippe, le sommelier normand annonçait que c’était son épouse restée en France qui était en vacances. Birame, le patron des maçons sénégalais rappelait que les fenêtres devaient faire 1 mètres 10 de large et la team « No limit » de revendiquer le mur le plus droit !
Une pause pastèque plus tard, c’était la récré. Fatoumata est venue vers le chantier, elle s’est assise avec ses petits copains de classe de CE1 sur un banc et a regardé ce spectacle de casques de toutes les couleurs s’agiter dans son école.
Demain matin tout ce petit monde se retrouvera à 8 h sous l’étoile verte du drapeau.
Course du jour.
La première épreuve sportive de cette troisième édition a imposé son niveau d’exigence.
A 16 h 3O le randonneur, Bruno Granjon a été lancé sur la piste de M’Bassis. Le petit village caché dans la savane n’est distant de notre gite que de quelques kilomètres seulement mais le balisage a conclu à une épreuve de 9 kilomètres jusqu’à la ligne d’arrivée.
Après avoir traversé Foundiougne qui nous héberge cette semaine, le peloton de 29 coureurs a obliqué vers le sud pour emprunter des pistes sans aucun abri dans sa première partie. Le thermomètre pointait les 30 degrés au départ ce qui annonçait une course dure et laborieuse sous un soleil rival.
A l’heure où les villageois sortent doucement de la quiétude d’une sieste programmée, l’invitation à partager le thé est une balise du temps qui passe. A l’ombre de leurs palmiers et autres fromagers, la famille se rassemble en attendant le retour des enfants de l’école.
Aujourd’hui la batirun arrive dans le village et ce sera la fête orchestré par l’association des parents d’élèves.
Au dessus du village d’arrivée, l’astre de feu qui a inondé le chantier du jour, pointe le cap ouest en rougissant mais le sable clair a absorbé cette chaleur étouffante. Les organismes déjà éprouvés par le travail de manutention et d’édification du matin ont souvent dû puiser pour venir à bout de ces kilomètres interminables dans la brousse encore verte.
Au final c’est Renaud Decker qui s’est imposé, largement, devant Bruno Ruel à plus de quatre minutes et Emmanuelle Thibaudeau. La troupe fatiguée est ensuite rentrée au couchant pour dîner et écouter un concert de la chorale de Marlodje, une petite île du Saloum voisine.
Demain c’est jour de marché à Foundiougne, c’est surtout jour de chantier pour deux tiers des concurrents le reste ira à la pêche sur la pirogue de Rassoul, l’un de nos deux guides.
