Autan(t) en emporte le vent...
En haut de la butte qui domine les mines de sel, on voyait, ce matin, une cinquantaine de débardeurs roses fluos aux couleurs de la « Sénégazelle Sohbi Sport » . Ils se frayaient une route entre les carrés peuplés éssentiellement de femmes. Cet après midi quelques charrettes conduites par des hommes viendront charger les sacs de 50 kilos pour les stocker au bord du fleuve où ils embarqueront vers les distributeurs. A cette heure matinale les reflets et les filtres de la lumière accompagnaient les concurrentes pour un parcours encore très varié.
Le départ a été donné sur la plage de sable fin de l'hôtel, plage que les coureuses ont suivi durant 2 à 3 kilomètres avant de bifurquer vers le Nord Ouest, dans une somptueuse mangrove. Là, un baobab qui, on le sent, voudrait devenir grand, est posé sur un îlot minuscule de coquillages. Le soleil levant donne à la plante une majesté incroyable, les feuilles de l'arbuste sont détourées de cette forte lumière alors qu'en deuxième plan la mangrove lui propose un véritable écrin dans sa perspective.
Les animaux sont du spectacle, des hérons cendrés à l' allure nonchalante déplient leur pattes en observant un pas de loi improbable, un cheval accepte une toilette rafraîchissante car cet après midi il charriera les lourdes cargaisons dans le sable mou. Et puis, il y a bien sûr quelques zébus, ils sont du « quartier », la semaine passée déjà, ils n' avaient pas été perturbés par le défilé des gazelles.
C' est l' école élémentaire 2 de Soum qui accueillait la course aujourd' hui. Avant que la distribution des cahiers, trousses, stylos et autres crayons de couleurs ne débute, Anne et Clémence ont rencontré Monsieur Ndiaye. Ce professeur s'est livré spontanément à une description de la situation de l' enseignement dans le pays. Ainsi a-t-il posé le constat de l’ absentéisme dans les écoles publiques. Le Sénégal est à une très large majorité, de confession musulmane et la scolarisation des enfants dans les écoles coraniques atteint les 90 %. D'où l' idée du gouvernement de faire passer des concours aux professeurs de langue arabe pour qu' ils puissent enseigner dans le publique. En 2002 une expérience a été lancée dans 150 écoles primaires afin que l' enseignement soit aussi dispensé dans la langue locale, en fonction des résultats, cette démarche sera étendue.
Cette petite école a, elle aussi, été balayée par une brise. Ce sont les gazelles de l' Autan du nom de ce vent qui souffle de la mer depuis le Lauragais jusqu' à Toulouse qui l' ont déclenché dans une classe de CI. Sylvie Antony, Françoise Delelfie, Patricia Massip et Christine Planelles ont emboîté le pas des filles de Villefranche avec à leur tête Patricia Bonnes. Le groupe a distribué les livres à compter de cette dernière, aide maternelle en France dans l' école de la colline aux enfants.
Tous les jours c' est ainsi, l' histoire s'écrit avec ces échanges, ces sourires, ces chansons et un sentiment d' utilité qui ne fait que se concrétiser comme la goutte d' eau du colibri sur l' incendie de la savane *
La légende du colibri à écouter sur ce lien :
* http://www.colibris-lemouvement.org/colibris/la-legende-du-colibri
Le mot wolof du jour : Ngelaw Be=Le vent.